(Suite du billet précédent)
Quel diaporama s’active dans la tête du candidat aux élections présidentielles lorsqu’il formule le mot « chasseur » ?
Les chasseurs d’Éric Zemmour sont invités à se penser en opposition aux écologistes et aux citadins :
« Je refuse et je refuserai que qui que ce soit vous interdise la chasse. Les vrais écologistes, c'est vous » et pas « les citadins qui veulent des biches comme dans Bambi » (on ne comprend pas trop ce que ça veut dire, mais ça sonne bien). Il propose d’ailleurs de remplacer le ministère de la Transition écologique par un « grand ministère de l'agriculture, de la protection de l'environnement et de la ruralité ». Dans la mesure où le mythe s’oppose à l’histoire et à la sociologie, Zemmour peut même oublier que la plupart des chasseurs sont des urbains (et, en tout cas, ne correspondent que rarement aux santons de Provence à qui il semble s’adresser).
Marine Le Pen n’a pas besoin de pousser trop loin ses efforts herméneutiques pour saisir l’âme du chasseur. Aux élections précédentes elle a obtenu l’adhésion du 30% de l’électorat muni d’un permis de chasse. Elle peut même se permettre le luxe de ne pas soutenir la chasse à courre alors qu’elle défend la corrida. C’est la concession qu’elle fait à une de ses grandes électrices, Brigitte Bardot, qui a bien droit à quelque chose en échange*. Pour Marine Le Pen la disparition des chasseurs aurait des conséquences visibles sur le paysage et même sur « l’organisation de la ruralité ».
Les chasseurs de Valérie Pécresse sont tout aussi anonymes et désincarnés que ceux de Zemmour**. C’est sur un ton patriotique que la candidate des Républicains leur promet sa protection :
"Il faut arrêter de faire la chasse aux chasseurs", les "premiers amoureux de la nature. On n'entrave pas la pêche et la chasse qui sont des libertés issues de la Révolution».
Pour Nicolas Dupont-Aignan chasse et ruralité sont presque synonymes. La preuve ? Bruxelles cherche à démanteler les deux en même temps.
Jean Lassalle, comme la plupart des ruraux, n’est pas chasseur. Bien qu’issu d’une famille de bergers, et peut-être pour cette raison, il est le seul à ne pas utiliser le terme « ruralité ». Sa défense de la chasse a des tons particulièrement authentiques et passe par la stigmatisation des « citadins » qu’il accuse de « sensiblerie ». (À suivre).
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