mercredi 30 mars 2022

Peut-on être chasseur et de gauche? Épilogue

 
Chasseurs (très probablement fascistes)  qui rentrent à la maison

(Suite et fin)

- « Donc la chasse n’est ni de droite ni de gauche, pourrait conclure le chasseur : j’ouvre le tiroir que je préfère, j’adopte la narration qui me convient le plus, celle qui me ressemble davantage ».

- Eh ben non, lui répond le sociologue*. Ce n’est pas toi qui décides,  c’est l’opinion publique. C’est le discours courant qui établit  ton étiquette. Toi, tu n’as qu’à la coller sur ton front ».

Or, dans ce discours courant une voix se détache. On l’entend particulièrement bien à l’occasion des accidents de chasse, mais elle ne fait que grossir, comme une sorte de bourdon. Elle dit grosso modo ceci :

« La chasse, loisir d’essence fasciste. Tout chasseur n’est pas fasciste, mais la chasse est un loisir d’essence fasciste. Par son rituel guerrier, son goût des armes à feu et de la violence, sa banalisation de l’acte de tuer, sa culture de « pas vu pas pris » et ses dérives de mafia rurale, la chasse dégage un bien mauvais parfum rance ».

C’est une déclaration de  Monsieur Gérard Charollois, président de la Convention vie nature une force pour le vivant **).

J’ai du mal à souscrire à cette généralisation. Je trouve qu'elle fait porter au mangeur de perdreaux, de lièvres et de bécasses une étiquette bien lourde***.

Certains, peut-être, s’identifient avec joie à cet étiquetage : « Eh bien oui, je suis fasciste! Un problème ? ». Les plus coriaces le refusent. Mais  les plus fragiles risquent de l’accepter :

- « Tiens j’étais persuadé d’être un chasseur de gauche : démocrate, même pas populiste et  viscéralement antifasciste. Mais après tout ce que vous venez de dire sur moi, vous m’avez convaincu. Je vais voter pour  Eric Zemmour »

FIN

* Je parle de l’Interactionniste symbolique, ou  de l’Ethnométhodologue qui suit la théorie du labeling, de l’étiquetage.

** https://info-loup.eu/chasse-loisir-essence-fasciste/

*** Le fascisme est une disposition psychologique souvent plus subtile, mieux cachée, que l’on peut rencontrer aussi bien chez certains chasseurs que chez certain·e·s ami·e·s des animaux. Il y a quelque chose de pervers dans le fait de dissocier l’acte de chasser  de ses finalités alimentaires et gastronomiques. Cette perversion est présente aussi bien chez le chasseur qui ne mange pas de gibier (il en existe) que chez le détracteur de la chasse qui projette sur cette pratique ses propres troubles psychologiques. 



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