Il y a quelques jours, dans le cadre de la table ronde « Les extrêmes droites dans le paysage électoral » organisée à l’EHESS par l’anthropologue Lynda Dematteo, j'ai eu l'occasion de parler de la chasse.
Dans un premier temps, la question que j’avais l’intention de traiter était la suivante : peut-on aujourd’hui, à l’époque du tournant écologique, se dire à la fois chasseur et de gauche ? J’ai vite renoncé à ce projet trop ambitieux. J’en ai néanmoins profité pour passer en revue la position en matière de chasse des différents candidats aux élections présidentielles. Puisque ma communication portait sur l’actualité et sur le rapport homme/animal, j’ai décidé de la reproduire par morceaux dans ce blog.
Je commence par une citation du célèbre opéra de Carl-Maria von Weber : Der Freischütz.
« Il cherche à travers les bouleaux et les charmes/Ta trace ô gibier, du matin jusqu’au soir/Voilà le plaisir, le plaisir qu’il se donne,/Et libre il n’a point de regrets sous les cieux »*.
- Dans le discours courant, on a tendance à essentialiser la figure du chasseur. On dit « le Chasseur » comme on pourrait dire : « le Poète », ou « Le Navigateur ». « Le chasseur fait ceci, le chasseur fait cela … ». On parle du « lobby des chasseurs » comme s’il s’agissait d’un collectif unitaire. Bref, on déduit le chasseur à la manière de Diderot, qui déduisait le « Bon sauvage » à partir du « Mauvais civilisé ». Mais quand on veut se faire élire à la présidence de la République il ne suffit pas de déduire. Il faut que les propos du candidat correspondent aux exigences de ce chasseur idéalisé. Le candidat devient alors un interprète. Ses interprétations ne nous éclairent pas forcément sur l’essence du chasseur (d’autant plus que ces essences, nous le savons, sont multiples). Elles nous disent plein de choses, en revanche, sur la manière dont le candidat se figure cette essence. (À suivre)
* Carl-Maria von Weber. Der Freischütz, Le Chœur des chasseurs (Jägerchor - Was gleicht wohl auf Erden), acte III, scène 6
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