Jumelles pour regarder Maurice de loin, lorsqu'il se sera fâché
On m’a fait remarquer ma méchanceté
vis-à-vis de Maurice. À chaque fois que j’en parle, dernièrement, c’est sur un ton désabusé. Je le reconnais et je m’étonne de
moi-même. Je cherche une justification en me disant que l’angélisme
des récits animaliers m'exaspère. Il faut bien garder un minimum de sens critique. Je précise
par ailleurs que je prends très au
sérieux les découvertes récentes de
l’éthologie : les animaux ont
une personnalité, une conscience, une morale. C’est pourquoi je me permets de
faire la part entre les animaux qui me sont sympathiques et ceux qui s'éloignent de ma sensibilité*. Et
je fais la même chose dans ma pratique professionnelle, en revendiquant le droit (pour moi et
pour les gens que j'observe et qui m'observent à leur tour) à l’exercice d’une « misanthropologie
militante » **. Je ne suis pas Jésus. Et mes interlocuteurs non plus. Nous avons le droit de nous aimer, c'est sûr, mais aussi de nous détester
mutuellement.
Avec ses gesticulations de catcheur Maurice me fatigue un peu. Mais je ne le déteste pas. En gardant les distances je cherche à le préserver du regard paternaliste que je reproche à certains amis des animaux ainsi qu'à certains ethnologues.
* Ce «doberman ailé», par exemple, qui m'a écorché un doigt pour phagocyter le morceau de pain que j'étais en train de lui offrir (autrement dit, c'est lui qui a commencé. Voici un bel exemple de "Comédie de l'innocence").
** Voir, à ce propos, le chapitre « Zoophiles et ethnophiles. L’amitié homme-animal comme modèle de subordination », Dans mon ouvrage L’éloquence des bêtes. Quand l’homme parle des animaux. Paris, Métailié, 2006, p. 53-77.
Maurice fait pourtant beaucoup d'effort pour se rapprocher de votre sensibilité!... Ce n'est certainement pas Bianca Castaphiore qui me démentirait!...http://moserm.free.fr/moulinsart/images/nom12.jpg Hervé A.
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