Je tombe sur un entretien qui circule sur Twitter : d’un côté Madame Anne Stambach-Terrenoir, Députée de la 2e circonscription de Haute-Garonne (La France insoumise), de l’autre Frédéric Saumade, anthropologue spécialiste de la tauromachie. Pour mettre la corrida en perspective, Saumade cherche à rappeler l’existence d’autres formes de violence, moins visibles, inhérentes à la domestication. « Toute forme d’exploitation de l’animal est douloureuse, dit-il. Pour dresser un cheval il faut bien lui faire mal ». Et après il évoque un aspect qui échappe à la perception courante (nos avons tendance à refouler ce qui nous dérange) : « Mais également … les petits caniches d’appartement des gens qui sont parfois des militants de l’abolition des corridas, ils sont eux mêmes … ils sont enfermés, déjà. Et puis, en suite, pour sélectionner, il faut bien sélectionner des races qui donnent les chiens en question, et pour sélectionner il faut éliminer, il faut tuer les animaux qui dans les portées ne correspondent pas ».
Certes, l'arrière-plan macabre qui ternit la joie de posséder un caniche ( un « rescapé », donc ) ne justifie pas la corrida. Et les deux réalités ne sont pas comparables : d’un côté on élimine des bestioles en cachette tout en regrettant, éventuellement, cette triste nécessité. De l’autre on met la mort au premier plan et on la savoure*. Ce n’est pas comparable, mais rappeler ces deux manières de se rapporter à la mort animale n’est pas inintéressant**.
* Je simplifie, bien entendu, en reprenant les arguments des opposants à cette pratique controversée. On savoure une mise à mort comme chez les amateurs de documentaires sanglants consacrés à la vie des grands
prédateurs. Sur l'ambiguïté des motivations des "dénonciateurs de violence" je renvoie à mon article : « Le show animalitaire, mises en scène de la souffrance animale »,
in (sous la direction d’Emmanuel Pedler et Jacques Cheyronnaud). La
forme spectacle, Paris, 2018, Editions de l’EHESS, https://books.openedition.org/editionsehess/21551?lang=fr
**Cela dit, pour être franc, je n’ai aucune envie d’assister à une corrida.
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