lundi 17 juin 2024

Guy de Maupassant et le plaisir de tuer. 1) Primitivismes

 


 

Il m’arrive parfois de citer un passage de Maupassant où il avoue son attrait pour les aspects sanglants de l’acte de chasse : « Je suis né avec tous les instincts et les sens de l’homme primitif, tempérés par des raisonnements et des émotions de civilisé » écrit-il, témoignant ainsi de la même  fascination pour le monde des origines que l’on retrouve chez Lawrence, London ou Conrad. Et juste après : « J’aime la chasse avec passion ; et la bête saignante, le sang sur les plumes, le sang sur mes mains, me crispent le cœur à le faire défaillir ». J’ai l’habitude de présenter ce propos comme une sorte de coming out à une époque où ce genre de dispositions commençait à rentrer dans l’ordre de l’indicible*. J’ai toujours omis d'évoquer, parce que ça ne servait pas à ma démonstration, le reste du récit que je commenterai dans le prochain billet.

 

*Cf.  L’utopie de la nature. Chasseurs, Écologistes, Touristes, Paris, Imago, 1996, p. 25 et suiv.

2 commentaires:

  1. A propos de sang, le primitivisme commence tôt!
    A une chasse (où j’accompagnais, je ne chasse pas)un jeune garçon de 12-13 ans ramasse un faisan tué et je lui dis: « ohh… on dirait qu’il a du rouge à lèvres… » il me répond: « si tu n’aimes pas ça tu n’as qu’a pas venir ». J’étais exclue de cette société presque exclusivement masculine qu’est la chasse?
    Diane chasseresse/Artemis qui avait fait vœu de chasteté, d’amour des animaux , de la nature mais aussi de chasser ( en punissant les hommes qui tentaient de la séduire )…???
    FS

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  2. Merci. Parfois j'ai du mal à exprimer mes idées. Le primitivisme, dans la perspective que j'adopte ici, est la nostalgie des écrivains de la fin du XIXème siècle (mais cela commence bien avant) pour le monde des origines. Le terme, effectivement, peut se prêter à d'autres lectures. Je l'avais découvert en lisant Utopie et primitivisme. Essai sur l'imaginaire anthropologique à l'age classique, de Christian Marouby (Seuil, 1990).

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