(Suite) Parmi les chiens qui
ont agrémenté notre existence - je parle de mon passé italien - le plus grand enfouisseur d’ossibuchi* et de plats
de côte a été sans doute Graf. Un véritable champion. Au milieu de sa carrière, ce setter irlandais au
pelage de cocker, la silhouette d’un braque allemand et des boucles derrière la
nuque qui lui donnaient un air de Cavaliere, avait disparu dans les brumes du
fleuve Pô. Récupéré par un éleveur de chiens, il passa un bon semestre dans une
sorte de pénitencier où il fut utilisé comme reproducteur** et attrapa tous les
vices liés à la promiscuité. De retour à
la maison il était méconnaissable. L’apparition de n’importe quel chien, même petit,
suscitait chez lui le désir irrépressible de lui casser la figure. Jaloux, agressif mais prévoyant, il
accumulait son trésor à l’extrémité du jardin, en imaginant peut-être le jour
où personne, vu son tempérament lamentable, n’aurait eu envie de s’occuper
de lui. Sur le tard, au lieu de ramener les faisans à mon père qui allait les
chasser dans la région de Trévise, il se cachait derrière les buissons pour les
bouffer sur place (juste la poitrine) ou pour les enterrer dans le vain espoir
de les récupérer la semaine d’après. (À suivre).
* « L’osso buco est un plat traditionnel milanais, très parfumé, constitué d'un ragoût de tronçons de jarret de veau, braisé au vin blanc sec et agrémenté de légumes que l'on sert généralement accompagné de risotto à la milanaise. La moelle est cuisinée et servie avec son os ». Wikipédia
** C'est absurde mais c'est vrai.
Nous avions planté dans le jardin un saule pleureur nain, qui est aujourd’hui une belle curiosité laissant apparaître une structure noueuse d’arbre vénérable.
RépondreSupprimerÀ l’époque, il se contentait de laisser retomber son feuillage comme une chevelure adolescente qui cachait le tronc. Il correspondait très bien à la taille de mon fox-terrier qui en avait fait sa cabane pour prendre le frais en été.
Quand la bise fut venue, le petit arbre caduc laissa voir à son pied un imposant ossuaire. Était-ce pour assurer les jours maigres, ou des objets fétiches (ils lui avaient été offerts par nous, objets de son amour), des trophées pour la déco de sa cabane ?
Armelle Sêpa.
Émouvant. Rien à voir avec la psychologie de mon setter borderline.
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