vendredi 9 août 2024

Des chiens, des os et des noyaux (3). Histoire d'un champion





(Suite) Parmi les chiens qui ont agrémenté notre existence - je parle de mon passé italien -  le plus grand enfouisseur d’ossibuchi* et de plats de côte a été sans doute Graf. Un véritable champion. Au milieu de sa carrière, ce setter irlandais au pelage de cocker, la silhouette d’un braque allemand et des boucles derrière la nuque qui lui donnaient un air de Cavaliere, avait disparu dans les brumes du fleuve Pô. Récupéré par un éleveur de chiens, il passa un bon semestre dans une sorte de pénitencier où il fut utilisé comme reproducteur** et attrapa tous les vices liés à la promiscuité. De retour à la maison il était méconnaissable. L’apparition de n’importe quel chien, même petit, suscitait chez lui le désir irrépressible de lui casser la figure.  Jaloux, agressif mais prévoyant, il accumulait son trésor à l’extrémité du jardin, en imaginant peut-être le jour où personne, vu son tempérament lamentable, n’aurait eu envie de s’occuper de lui. Sur le tard, au lieu de ramener les faisans à mon père qui allait les chasser dans la région de Trévise, il se cachait derrière les buissons pour les bouffer sur place (juste la poitrine) ou pour les enterrer dans le vain espoir de les récupérer la semaine d’après. (À suivre).

* « L’osso buco est un plat traditionnel milanais, très parfumé, constitué d'un ragoût de tronçons de jarret de veau, braisé au vin blanc sec et agrémenté de légumes que l'on sert généralement accompagné de risotto à la milanaise. La moelle est cuisinée et servie avec son os ». Wikipédia

** C'est absurde mais c'est vrai.

2 commentaires:

  1. Nous avions planté dans le jardin un saule pleureur nain, qui est aujourd’hui une belle curiosité laissant apparaître une structure noueuse d’arbre vénérable.
    À l’époque, il se contentait de laisser retomber son feuillage comme une chevelure adolescente qui cachait le tronc. Il correspondait très bien à la taille de mon fox-terrier qui en avait fait sa cabane pour prendre le frais en été.
    Quand la bise fut venue, le petit arbre caduc laissa voir à son pied un imposant ossuaire. Était-ce pour assurer les jours maigres, ou des objets fétiches (ils lui avaient été offerts par nous, objets de son amour), des trophées pour la déco de sa cabane ?

    Armelle Sêpa.

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    1. Émouvant. Rien à voir avec la psychologie de mon setter borderline.

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