(Suite) Je n’ai jamais
réussi à faire pousser des champignons, c’est vrai. En revanche, j’ai vu un os s'enraciner. Je dois préciser que les Italiens, comme les Français, sont censés
dire nocciolo (noyau) et non pas osso (os) pour désigner le noyau
de la pêche. Mais ils préfèrent l’appeler osso et moi je fais pareil*. Lorsque
Sam (2ème) menait son existence discrète au fond du jardin, une
pousse de pêcher s’était mise à grandir entre les dalles du chemin. Elle venait
d’un os erratique qui, sans arrière-pensées écologistes ni de sa part ni de celui qui l'avait balancé, contribuait toutefois à la biodiversité du site. Je ne dirais pas que cette tige feuillue
était devenue pour moi l’équivalent de la rose du Petit Prince, mais j’y
pensais de temps en temps, en attendant la bonne saison pour la transplanter. Le
moment venu, avant de m’endormir, je me suis concentré sur l’endroit le plus propice
pour l’installer. Un nouveau membre allait prendre place dans notre collectif, il fallait bien le recevoir.
Le matin, approchant du néophyte la pelle à la main, j’ai dû constater que Sam, après avoir cohabité avec lui pendant quelques mois en
toute sérénité, venait de le massacrer. Le fruit du hasard ? Non, un cas flagrant de télépathie. Mais
comment expliquer cette fureur destructrice de la part de mon chien préféré, le
plus paisible du monde, avec qui j’avais une entente parfaite ? (À
suivre).
*On dit bien « la chair » d’une pêche (mais on ne dit pas, « une pêche en chair et en os). Un anthropologue hâtif ou désinvolte pourrait voir dans cet usage les traces de vieilles conceptions animistes ou d’un flou catégoriel mélangeant l’animal et le végétal. Ça pourrait plaire beaucoup et contribuer à sa carrière.
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