Paysage nocturne avec Maurice
Lorsqu’on évoque la question animale on adore citer la
théorie des « animaux-machine »
de Descartes et Malebranche. On en parle volontiers parce qu’elle permet de
montrer à quel point les philosophes, cloîtrés dans leur tour d’ivoire, peuvent être à l’ouest. Elle permet
aussi de laisser croire que nous
connaissons l’histoire de la philosophie, ce qui dans la plupart des cas, et notamment le mien, est loin d’être vrai.
Descartes et Malebranche auraient déclaré que les animaux font semblant de
souffrir mais qu'en réalité ils ne souffrent pas, car ils sont des automates*.
De retour à Brest j’approche de la fenêtre. Maurice arrive. Pas un seul geste pour exprimer sa joie de me revoir. Nous sommes loin d’Argos, le chien d’Ulysse. Nous sommes loin de Stasi, la chienne de Konrad Lorenz**. J’ouvre la fenêtre et je lui passe un morceau de pain. Il l’avale d’un mouvement sec et presque mécanique. Je lui en livre un deuxième. Pareil. Il fait le plein et il s’en va.
Je pense qu’il me prend pour un automate. Ou, plus précisément, pour un distributeur automatique.
*Ils n’ont pas dit exactement ça, je le sais, mais on a pris l’habitude de faire comme s’ils l’avaient dit.
** D'une exubérance excessive que je qualifierais de latine, si je ne savais que c'était une bergère allemande.
Le brestois extériorise peu ses sentiments.
RépondreSupprimerIl fait peut-être semblant pour vous reprocher votre longue absence
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