lundi 6 septembre 2021

L'inquiétante étrangeté 26. La vigne archétypale.

 

 

Dans un premier temps, je dois avouer que nous avons eu tendance à snober les fruits de la vigne archétypale qui, au fond du jardin, perpétuait son désir d’être là sans gêner personne. On les trouvait plutôt âpres. Dans chaque grappe, par surcroit, les raisins ne murissaient pas simultanément, preuve évidente de leur archaïsme*. Nous avons donc accepté sans problème que la vigne vierge s’installe dans la tonnelle à côté de sa cousine. Leur fusion nous attendrissait.  C’était sublime et kitch à la fois, en automne,  de contempler le rouge vif de leurs feuilles rivalisant avec le pourpre du coucher de soleil**.

La vite americana se portait tellement bien que nous avons fini par oublier non seulement la saveur vintage des fruits de la vigne autochtone, mais également son existence.  La variété transatlantique, dans sa luxuriance, avait crée une annexe dans le gazon et commençait à embellir/occulter, avec ses tentacules audacieux, ma rangée de bouleaux ***.

 

* Dans le monde pré-logique des vignes archétypales, comme le dirait Lévy-Bruhl, on peut être mûr et pas mûr à la fois.

** C’est du lyrisme pompier. J’assume.

*** Combien de bouleaux faut-il pour faire une rangée?

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