Dans un premier temps, je dois avouer que nous avons eu tendance à snober les fruits de la vigne archétypale qui, au fond du jardin, perpétuait son désir d’être là sans gêner personne. On les trouvait plutôt âpres. Dans chaque grappe, par surcroit, les raisins ne murissaient pas simultanément, preuve évidente de leur archaïsme*. Nous avons donc accepté sans problème que la vigne vierge s’installe dans la tonnelle à côté de sa cousine. Leur fusion nous attendrissait. C’était sublime et kitch à la fois, en automne, de contempler le rouge vif de leurs feuilles rivalisant avec le pourpre du coucher de soleil**.
* Dans le monde pré-logique des vignes archétypales, comme le dirait Lévy-Bruhl, on peut être mûr et pas mûr à la fois.
** C’est du lyrisme pompier. J’assume.
*** Combien de bouleaux faut-il pour faire une rangée?
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