dimanche 11 septembre 2022

L’inquiétante étrangeté deuxième session (13). Derniers fruits d’automne


Parfois je m’étonne de la quantité de plantes que l’on peut stocker dans un petit jardin comme le mien. J’ai remplacé le cerisier (un vrai cerisier, producteur de cerises tout à fait comestibles) par un arbre de kakis. C’est normal. Jeune, je plantais des arbres qui donnent leurs fruits  au printemps, en vieillissant je plante des arbres qui les donnent en automne. En réalité, hors de toute explication symbolique, le cerisier en question était malade, son tronc s’était vidé et il a suffi de le pousser un peu pour qu’il s’écroule. Le jeune kaki était déjà là, un peu plus loin, je l’ai juste déplacé.  Ce n’est pas le type de kaki que j’aurais aimé, qui donne des gros fruits charnus, revêtus d’une pellicule tellement fine qu’il suffirait d’une aiguille pour les faire éclater. « Nous, m’a dit le vendeur, on a la variété locale, qui a une peau très épaisse et qui ne pourrit jamais * ». S’il ne pourrit jamais, en fait, c’est qu’il ne mûrit jamais. Le comble c’est que je le savais. Je l’ai néanmoins acheté en raison de mon envie irrépressible, ce jour-là, d’acheter un arbre de kakis. On m’a expliqué que pour amener à maturation les fruits du kaki on n'a qu'à les poser dans une cagette à côté des pommes. J’ai fait l’expérience. Résultat : mes kakis acerbes sont restés acerbes, mais ils ont fait pourrir les pommes. Je me console en songeant à l’aspect décoratif, réconfortant,  de ces belles taches orange dans la brume automnale.

* La variété locale d’un arbre chino-japonais

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire