mercredi 2 décembre 2020

On est ce qu’on mange (à propos des sangliers)

 

Allez savoir pourquoi, je me laisse distraire par les histoires d’ours et de loups, alors qu’il faudrait se concentrer sur les sangliers. Les sangliers sont très « bons à penser », comme le dirait Lévi-Strauss. Ils sont plusieurs choses à la fois (fauve et cochon, par exemple), ils digèrent n’importe quoi et sont les protagonistes quotidiens de toute une série d’histoires qui vont du pittoresque au tragique. Il y en a qui divaguent comme des desperados sur le circuit autoroutier, d’autres qui se font abattre en plein centre ville par les agents communaux sous les yeux des enfants en larmes (à Rome, tout récemment), d’autres qui font de la peine (même s'ils pullulent et sont très poilus) et parviennent à se faire adopter (c’est interdit mais on s'en fiche …). D’autres encore qui – comble de l’ingratitude – après avoir été adoptés finissent par manger leur bienfaiteur. Le sanglier, il faut s'en souvenir, est omnivore.

9 commentaires:

  1. Mon voisin ressemble à votre sanglier.

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  2. Mes références culturelles m'incitent à conclure que la société moderne manque de livreurs de menhirs.

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  3. reciprocità: gli umani mangiano i cinghiali,
    i cinghiali mangiano gli umani

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    1. Mi domando quale sia il più saporito.

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    2. Entre Anthropologue et anthropophage, comment voulez-vous que je ne m'embrouille pas?!...

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  4. "Un sanglier parut, qui fouillait le sol de ses défenses...
    C'était une brute épaisse, à l'encolure renflée, aux pieds fins, qui avançait d'une manière bourrue, avec des souffles brusques et des grognements. Elle connaissait sa force ; un lourd courage animait sa chair hérissée de soies grises. Elle avait fait reculer les léopards, dédaignait les hyènes, mettait en déroute les loups et les dhôles ; elle ferait face au lion si la fuite devenait impossible ou si quelque blessure exaltait son humeur. La conscience d'avoir défait tous ceux qui l'avaient acculée atténuait sa vigilance.
    Le sanglier arriva auprès des roseaux où se tenait Zoûhr et soudain, flairant l'effluve, il s'arrêta. L'odeur lui rappelait le gibbon ou le rhésus, dont il savait n'avoir rien à craindre. Il grogna seulement, et se dirigea vers les bambous. Alors, pour le rabattre vers le félin géant, Aoûn poussa son cri de guerre, tout de suite répété par le Fils de la Terre. Le sanglier recula, non par crainte, mais par prudence. Un piège est dans toute chose inconnue ; ni le rhésus ni le gibbon n'avaient cette voix singulière. Au deuxième cri, il se jeta vers l'embuscade du carnivore. Une masse colossale s'enleva ; le sanglier darda furieusement ses défenses, mais la bête qui croulait sur lui avait presque le poids d'un buffle. Il trébucha, ses flancs s'ouvrirent, deux mâchoires de granit s'enfoncèrent dans les jugulaires... Alors, les sources rouges ayant jailli, le sanglier poussa son râle sur les herbes."

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