Si j’avais eu la sagesse d’un Mario Rigoni Stern, je n’aurais jamais planté un noyer tout près de la maison (d’autant plus que l’ombre des noyers, selon source sûre, donne la migraine). Mais la sagesse n’est pas ma spécialité. En me baladant avec Sam (je ne sais plus lequel des deux) sur les berges du fleuve j’ai aperçu un petit noyer. Il était petit mais pas tant que ça. Je suis revenu avec une pelle, je l’ai chargé dans la voiture et je l’ai installé chez nous. C’était avant de connaître cette histoire de correspondances "nagualistes" entre le destin du planté et celui du planteur, sinon j’aurais mieux pondéré mon choix. Ce jeune noyer, en fait, avait plusieurs défauts*. Il était asymétrique, avec une de ses deux branches principales qui, au lieu de se dresser vers le ciel, penchait latéralement vers un vide générique, comme pour tirer l’arbre dans une mauvaise direction. Une branche anomique, pour ainsi dire. Pour lui donner l’allure d’un noyer normal j’ai pratiqué plusieurs coupes et à la fin, lorsque je pouvais monter sur lui tellement il avait grandi, je me suis résigné à couper la branche subversive qui commençait à bien faire. Pendant un moment il était devenu presque droit, avec un grand tatouage noir rappelant ses erreurs de jeunesse. Mais bientôt c’est l’arbre tout entier qui s’est mis à pencher (À suivre).
* Tout comme moi.
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