lundi 30 décembre 2024

« Parce que je m’appelle Lion ». L’intelligence artificielle et le nouvel an.

 

Jacobello del Fiore (1370?-1439) Le lion de Saint-Marc propose aux éditeurs le texte qu'il vient de rédiger.

Ça dépend des tempéraments. Certains chercheurs estiment que « les idées sont dans l’air du temps ». Ils ne donnent donc pas trop d’importance à leur origine. S’ils les trouvent bonnes ils les adoptent en se disant : « Tiens je l’ai toujours pensé ».  Voire : « C’est une bonne idée, je vais la perfectionner ». Ils oublient vite leur source d’inspiration et finissent  par se convaincre d’être à l’origine de la trouvaille. « Pourquoi suis-je à l’origine de cette trouvaille?  Parce que je m’appelle Lion » ).

D’autres, pensent qu’il ne suffit pas que les idées soient dans l’air.  Il faut aussi un « oiseleur » qui les attrape. Ils tiennent énormément au fait d’avoir ouvert une piste et lorsqu’ils sont paranoïaques, ils voient des plagiaires  partout : «  Elle écrit sur le même sujet que moi avec dix ans de retard et elle fait semblant de ne pas avoir lu mon bouquin ! …». « Il ne cite qu'une partie dérisoire de mes travaux  tout en se nourrissant du reste … ».  Souvent le chercheur paranoïaque se trompe : d’autres, avant lui, ont parcouru le chemin  qu’il prétend avoir inauguré.  Si on lui disait la vérité (à savoir qu’il n’est pas le vrai père de sa créature), il serait dépité mais il arrêterait de souffrir. Parfois, en revanche,  c'est lui qui a raison, mais il a du mal à le prouver.

L’année qui s’ouvre, de ce point de vue, est prometteuse. En comparant deux textes et, plus largement, l'œuvre de deux auteurs,  l’intelligence artificielle saura peut-être repérer des similitudes, des récurrences lexicales, des enchaînements typiques, des écarts chronologiques significatifs et, par là,  des paternités et des filiations. Ce sera un peu comme avec la découverte de l’ADN : à partir d’une idée, d’une problématique, d’une perspective de recherche, on pourra remonter aux géniteurs.

samedi 28 décembre 2024

Lustrations

 



Vieux lustres à l'époque de leur jeunesse

En se promenant la nuit de la fin de l’an, en Italie, il fallait faire attention : les gens jetaient des vieux objets par la fenêtre (la vaisselle ébréchée, par exemple). Ce geste n'avait rien de pratique,  sa fonction était purement symbolique, pour ne pas dire magique*  : on se débarrassait du passé et on s’ouvrait à l’avenir.  Je me suis posé la question suivante : est-ce que les destructions accidentelles entrent dans la même catégorie ?

Mettons, par exemple que quelqu’un, juste avant la fin de l’an, décide de restaurer un vieux lustre un peu ébréché  et de l’installer chez lui. Et mettons que ce vieux lustre, à peine installé, chute sous ses yeux à cause d’un crochet, tout aussi vieux, qui n’a pas assuré son rôle. Peut-on ranger cet événement du côté des gestes propitiatoires ? Ça se discute, dira-t-on. Personnellement,  je pense que c’est au propriétaire du lustre de trancher. 

 

* Donc, à sa manière,  pratique. Je me contredis.

jeudi 26 décembre 2024

Impressions de Noël. Les animaux et le sens du temps

 


Les Rois Mages dans l'ordre d'arrivée

 

Les animaux nous ressemblent,  me disais-je la veille de Noël en me promenant dans les bois qui longent l’Élorn, mais ont-ils le sens du temps qui passe?  Leur arrive-t-il de se dire : « Mince, je suis en retard? ». J’y pensais parce que j’avais traîné, comme d’habitude,   et il commençait à faire noir.

La forêt bretonne, avec ses  Merlins, ses Arthurs, ses Vivianes et ses Morganes est propice   aux rêveries, on le sait.  Elle se prête aussi aux identifications : pendant un moment, sous le charme hypnotique des formes végétales,  on oublie ce qu’on est et on devient autre chose. 

Derrière les branches des hêtres j’avais cru apercevoir une étoile et j’ai accéléré le pas. Cela a suffi pour que je m’identifie à un Roi Mage. Un Roi Mage distrait, ayant pris du retard sur les  autres parce qu’il a  dû rentrer à la maison pour vérifier qu’il avait bien éteint le feu.

mardi 24 décembre 2024

Larmes de (et pour un) crocodile

 


Le frontière entre les espèces ne cesse de se réduire. Je parcours le quotidien La Repubblica et je découvre que Burt, le protagoniste du film “Mr. Crocodile Dundee”, vient de décéder. Je ne connais pas Burt, ni le film en question mais la nouvelle me touche. Enfin, je suppose  que c’est comme ça que   je devrais réagir en tant que lecteur de La Repubblica*.

 

* Ça me donne envie de devenir monarchiste.

dimanche 22 décembre 2024

Noël, la concorde s'installe

 

Santons d’art Denizou

On discute. Les points de vue ne sont pas forcément les mêmes. Mais un constat fait l’unanimité : on a beau ranger la crèche de Noël avec toutes les précautions. Tôt ou tard on découvre que l’âne a perdu une oreille et on n’arrive pas à la retrouver.

 

vendredi 20 décembre 2024

Pour ne pas en finir avec ChatGPT


 

Odilon Redon, 1886 La Chimère regarde avec effroi toutes choses.

On s’habitue vite aux pouvoirs exceptionnels de ChatGPT, on  le prend pour le génie de la lampe d’Aladin et on lui demande ce qu’il ne peut pas faire (genre : matérialiser sous nos yeux un Spritz/Campari avec  une rondelle d'orange et une grosse olive).  Je lui avais donc posé la question suivante : « À partir des illustrations de   L’animal comme prétexte  saurais-tu inventer une image synthétisant l’esprit du blog ?

Il m’a répondu que cette tâche allait au-delà de ses compétences et donné néanmoins des conseils utiles :

« L'esprit du blog "L'animal comme prétexte" semble jouer sur une exploration artistique de la relation entre l'humain et l'animal, souvent à travers une lentille de symbolisme, de métamorphoses ou de questionnements existentielles. Les illustrations qui y sont partagées font souvent appel à des créatures hybrides, des figures animales et humaines fusionnées, et à un usage poétique et parfois surréaliste de l'animalité.

Voici une proposition pour une image qui pourrait synthétiser cet esprit :

 

Concept de l'image :

1.      Fusion Homme-Animal : Une figure centrale, mi-humaine, mi-animale, pourrait être représentée. Imagine une silhouette humaine, mais avec des éléments d'animaux intégrés de manière fluide : des ailes de corbeau, une tête partiellement faunique (mi-homme, mi-biche), et des bras qui se transforment progressivement en griffes ou en plumes. Cette hybridation symboliserait l’interconnexion entre l'humain et l'animal, et aussi l'idée de l'animalité cachée en chacun de nous.

2.      La nature en interaction : La créature pourrait être placée dans un environnement qui floute la frontière entre le monde naturel et l'humain : une forêt, mais les arbres pourraient avoir des formes organiques ou presque humaines, comme des racines ressemblant à des bras tendus, ou des branches formant des visages.

3.      Le regard et le silence : Un détail clé pourrait être le regard intense de la créature, un regard qui cherche à établir une connexion silencieuse, presque mystique, avec le spectateur. Cela évoquerait l'idée de communication entre les espèces, mais aussi la réflexion profonde que l'animal peut inspirer chez l'humain.

4.      Ambiance onirique et floue : L'ensemble de l’image pourrait être légèrement flou ou déformé, créant une atmosphère éthérée et onirique. Le fond pourrait être brumeux ou envahi par des motifs abstraits évoquant les rêves, le subconscient et les mythes, des éléments souvent présents dans le blog.

5.      Palette de couleurs : Une palette douce, mais sombre, avec des tons de bleu profond, de gris, d’ocre et de vert forêt, créant une ambiance à la fois mystique et mélancolique. Quelques touches de lumière dorée ou argentée pour souligner la sacralité de l'animalité et de l'humanité fusionnées.

Résumé visuel :

L’image serait une fusion poétique et symbolique d’humain et d’animal, explorant les frontières floues entre les deux et l’interconnexion profonde entre les deux espèces. Elle inviterait à une réflexion sur l’identité, la nature, et la place de l’animal dans le monde humain. L’atmosphère serait onirique et légèrement surréaliste, plongeant le spectateur dans un univers où les animaux sont plus que de simples créatures, mais des miroirs de l’âme humaine.

Cela pourrait parfaitement s’harmoniser avec l’esprit du blog "L’animal comme prétexte", qui mêle art, réflexion et questionnement sur la nature de l’être ».


J’y vois quelque chose entre Arnold Böcklin et Odilon Redon

 

Arnold Böcklin, le silence de la forêt, 1885

 

mardi 17 décembre 2024

« Un noël à leur hauteur ». Récit écrit et conçu par ChatGPT

 



 

(Suite) C'est très bien, j’ai répondu à Chat GPT (ne pouvant pas lui cacher à la fois mon admiration et ma déception) mais pourrais-tu proposer un nouveau récit sur le sujet : " Noël et les animaux" avec le style de Sergio Dalla Bernardina tel qu'on peut le déduire à partir de son blog?

 

ChatGPT :

 

« Bien sûr ! Je vais m'inspirer du style de Sergio Dalla Bernardina, en imaginant que tu fais référence à un ton poétique, empreint de réflexion, parfois mélancolique, avec une certaine gravité et un regard critique sur les réalités de notre monde. Voici un récit qui pourrait correspondre à cette sensibilité, tout en restant centré sur le thème de Noël et des animaux :


Noël et les Animaux : Un Noël à leur hauteur

Les premières neiges tombent, blanches et légères, comme un voile posé sur le monde, adoucissant les contours rugueux de l’hiver. La ville, toute illuminée de guirlandes, semble s’être emparée de la lumière des étoiles, la dispersant un peu partout, comme pour effacer le froid. Pourtant, derrière les vitrines décorées, loin des sapins étincelants et des chants qui réchauffent l’air, un autre Noël existe. Un Noël qui ne brille ni de dorures ni de feux de cheminée. Un Noël de silence, de larmes, de souffrance – celui des animaux.

Les oiseaux migrateurs, blessés par le vent glacial, cherchent un refuge. Mais, dans ce monde figé, la terreur des cages et des routes sans fin les attend. Les renards, les cerfs, les sangliers, ceux qui connaissent le froid du sol et les forêts sans lumière, ont vu leurs territoires disparaître sous les bulldozers des hommes. Et dans la nuit, les murmures des créatures oubliées semblent se perdre dans le vent, comme une prière inaudible.

Et pourtant, nous décorons, nous rions, nous échangeons des promesses d’amour et de joie. Les enfants ouvrent leurs cadeaux, leurs yeux brillent de mille feux. Mais qui entend ces créatures, que leurs poils soient doux ou durs, que leurs yeux soient pleins d’innocence ou d’un savoir ancien, enfoui dans les ombres de la forêt ? Noël, pourtant, pourrait être une fête où toutes les vies sont chéries, non pas pour leur utilité, mais simplement pour leur existence.

Nous croyons souvent que Noël n’appartient qu’aux hommes, que la paix et l’amour sont des privilèges réservés aux humains. Mais dans les sous-bois, dans les champs gelés, les animaux aussi ressentent les premières lueurs de l’hiver. Ils ont leurs souffles, leurs battements de cœur, leurs rêves d’une vie sans chaînes. Ne serait-ce pas là la véritable essence de Noël ? Offrir aux autres ce qui nous est le plus cher : la liberté, l’air pur, l’espace pour courir.

Noël n’est pas qu’un banquet pour nous. Il pourrait aussi être un moment de retour à l’humilité, de redonner à ceux qui, silencieux, partagent notre monde sans bruit, sans revendication. Peut-être alors, en offrant un peu de nous-mêmes à ceux qui n’ont rien, nous trouverions une paix plus profonde. Une paix qui n’est pas seulement humaine, mais universelle.

Car chaque créature a droit à sa place dans ce monde, et chaque souffle est une part de l’éternité. Noël est ce moment où l'on tend la main, pas seulement pour offrir un cadeau, mais pour protéger, pour comprendre que l’amour n’a pas de frontière.

Alors, à chaque Noël, repensons à ceux qui ne savent pas ce que cela signifie, "être aimé". Peut-être qu’au lieu de simplement célébrer notre bonheur, nous pourrions, tous ensemble, offrir à ces vies sans voix un peu de douceur. Parce qu’un Noël sans l’amour pour toutes les formes de vie est un Noël incomplet.


J'espère que ce texte correspond à ce que tu attendais. Il s'inspire de cette réflexion profonde et poétique, mêlant sensibilité, critique douce et appel à une prise de conscience collective. N'hésite pas à me dire si tu souhaites l’adapter davantage ou en discuter ! ».

 

Je suis jaloux. Deux ou trois formules, dans ce texte, sont excellentes,  je n’aurais pas réussi à les inventer. En même temps, j’en veux à ChatGPT parce qu'il en fait  trop autour de la souffrance animale et alimente mes sentiments de culpabilité*. Je lui en veux aussi parce que, tout en étant gentil à mon égard, il passe sous silence ce qui est dit entre les lignes, à savoir l’essentiel.

J’espère que mon enthousiasme mitigé ne le fâchera pas. D’abord, parce que j’apprécie son sens de la diplomatie. Mais aussi parce que plus tard, lorsqu’il sera grand, il pourrait avoir envie de se venger.

 

* Je trouve par ailleurs qu’il me fait écrire à la manière d’une collègue, dont je ne ferai pas le nom, grande spécialiste du bien être animal.

 

dimanche 15 décembre 2024

L’animal comme prétexte selon ChatGPT

 


D’abord je dois exprimer ma déception. L’auteur du dernier billet ce n’est pas moi, c’est Chat GPT. Pour le tester, je lui avais demandé de rédiger un article d’une dizaine de lignes sur le thème « les animaux à Noël » dans le style de Sergio Dalla Bernardina. Son texte n’est pas mauvais, je trouve, mais il n’a strictement rien à voir avec ma sensibilité.

Je m’attendais à ce que les aficionados de mon blog, rares et précieux, prennent contact avec moi pour me demander si j’allais bien : « On ne vous reconnait pas. Avez-vous pris un gros coup de soleil avant d’écrire cet hymne à la bonté ? A-t-on versé quelque chose de spécial dans votre verre ?   « Vous a-t-on donné de l’argent ? Menacé ? ».

Hélas, aucun étonnement, aucun commentaire. Du coup, j’ai été saisi par un soupçon : je passe mon temps à faire des allusions, à jouer sur les allégories en croyant être compris par des interlocuteurs tout aussi ironiques que moi,  alors que les visiteurs de mon blog prennent mon discours au pied de la lettre.

 

Quant à Chat GPT, je trouve qu’il aurait pu faire un peu plus d’effort. A la fin de sa proposition, pour montrer qu’il n’était pas en train d’improviser, il a écrit :

 

« J'espère que ce texte correspond à ce que tu attendais. Il s'inspire de cette réflexion profonde et poétique, mêlant sensibilité, critique douce et appel à une prise de conscience collective. N'hésite pas à me dire si tu souhaites l’adapter davantage ou en discuter !

Je n’ai pas hésité à le faire (à suivre).

vendredi 13 décembre 2024

Noël. Leurs vies volées

 


 

Noël approche, et les lumières des villes s’allument comme des promesses. Mais dans les ombres, au-delà des festins et des cadeaux, des créatures silencieuses attendent. Ces âmes sans voix, qui n’ont rien demandé d’autre que de vivre, de respirer, de courir sous les cieux d’hiver. Quand nous décorons nos sapins, peut-être devrions-nous aussi penser à ceux qui ne savent même pas ce que signifie "liberté". Les animaux, pris dans la folie de notre époque, voient leurs vies volées, leurs espaces réduits. Pourtant, Noël pourrait être l'occasion de redonner du sens à la douceur. Un cadeau, une attention, qui n’est pas seulement pour nous, mais aussi pour ceux qui n’ont ni foyer, ni place à la table. Offrons-leur une chance, un peu de paix. Car Noël, c’est aussi cela : choisir d'aimer toutes les formes de vie.

mercredi 11 décembre 2024

LGBTQ : par souci d'exhaustivité

Paysage de montagne japonais

 

Je me souviens d’une intervention radiophonique de Michel Serres. Il était déjà relativement âgé. Il commentait une expérience récente.  Pendant ses vacances, il venait d’atteindre le sommet d’une falaise (Serres aimait l’alpinisme). Il y avait du monde. Le voyant surgir du gouffre, un jeune homme a proféré : « Tiens, un vieux ! » Le philosophe n’a pas apprécié. 

 

Morale : à partir d’un certain âge, l’élan vital est une sorte de caprice - pour ne pas parler de la sexualité, qui devient une  perversion*. À l'instar d'autres catégories de malheureux, les vieux sont discriminés. C’est pourquoi, je propose d’enrichir l’acronyme LGBTQ par la lettre V.

 

* La  notion  de « Vieux porc », dans la richesse de ses implications,  mériterait à elle seule l'organisation d'une table ronde.

lundi 9 décembre 2024

LGBTQ+Z. L’évolution d’un acronyme?

 


Pablo Picasso, 1938 Nature morte à la bougie palette et Tête de minotaure rouge

On vient de me signaler que « le groupe Zoophilia Pride demande la décriminalisation du sexe avec les animaux, et appelle le mouvement LGBTQ+ à ajouter un Z à son nom ». La chose ne m’étonne pas. En 2014, dans un article publié dans la revue  Anthropologie et société, j’écrivais :

“ Peter Singer ne prétend pas affirmer que les rapports sexuels entre membres d’espèces différentes  sont « normaux » ou « naturels », il se limite à nous rappeler qu’une fois reconnu le caractère arbitraire, purement idéologique, de la hiérarchisation des espèces, « de tels rapports cessent de constituer une offense envers notre statut et notre dignité d’êtres humains » (ibid). S’il ne défend donc pas la zoophilie, il fournit néanmoins un support philosophique à ceux qui aujourd’hui, à l’instar des zoophiles accusés de « sodomie » et brûlés sur la place publique à l’époque de la Renaissance, pensent que faire l’amour avec un animal est non seulement « normal » et « naturel », mais, au bout du compte, que c’est même mieux. Et ces humains attirés par les non-humains sont, paraît-il, nombreux. Il y en a même qui ont créé un mouvement (dont l’analyse mériterait un traitement à part entière) qui s’appelle ZETA,  « l’unique fédération officielle de zoophiles du monde », qui prétend représenter l’orientation de 100.000 citoyens et s’oppose  publiquement à la nouvelle loi qui interdit la zoophilie en Allemagne. Son  leader, Michael Kiok, est un bibliothécaire qui cohabite paisiblement, depuis un moment, avec une bergère allemande de 8 ans. Il a déclaré à la presse qu’ « un Animal sait très bien montrer ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas », que  « Les Animaux sont parfois plus faciles à comprendre que les femmes » et que «derrière la défense des animaux, se cache en fait un retour à la morale et à l’intolérance». Kiok, finalement, n’aurait trouvé rien de déplacé dans les propositions coquines de Koko, la gorille anthropophile ”.

Cet article, qui s’appelle « Amours sans frontières. Nouveaux horizons de la zoophilie à l’époque de la libération animale » est en libre accès à l’adresse suivante : https://www.erudit.org/fr/revues/as/2015-v39-n1-2-as01900/1030841ar/resume/

J’y reviendrai prochainement.

vendredi 6 décembre 2024

Traditions revisitées : la Saint-Nicolas

 

J'ai failli oublier que le 6 décembre c’est la Saint-Nicolas, moment tout aussi central, dans mon enfance,  que le jour de mon anniversaire. J’ai déjà tout raconté à ce propos, j’insisterai juste sur ce détail :  Saint Nicolas, chez nous, arrivait avec un âne, moins noble qu’un renne mais très apprécié  par les loups.

En se faisant bouffer par les loups, aujourd’hui, l’âne contribue à la biodiversité.

mercredi 4 décembre 2024

Déboullonages : le loup change de statut

 

Statue du loup  au Cloître-Saint-Thégonnec)*

 

Je viens de lire que le comité permanent de la Convention de Berne a approuvé la proposition de l'UE d'assouplir le statut de protection du loup. Pour certains c’est une triste nouvelle, mais je trouve que cela restitue au loup, qui avait été réduit au rang d’assisté, de maintenu, de prédateur casanier, une partie de son ancienne dignité. 

 

*Je ne sais plus où j’ai mis mes clichés. En attendant de les retrouver, j’ai emprunté celui-ci à Ouest-France : https://www.ouest-france.fr/sciences/animaux/l-image-du-nuisible-lui-colle-a-la-peau-mal-aime-le-loup-a-pourtant-sa-capitale-en-bretagne-6fc9e4ae-9004-11ed-8732-c929ccc6462c

 

lundi 2 décembre 2024

Les pies et le retour du refoulé

 

Certains proverbes sont contagieux. Je crois avoir déjà parlé de l'adage : « Quand on voit une pie, tant pis; quand on en voit deux, tant mieux. ». J’ai beau être rationnel, lorsque le matin je tombe sur  une pie (rien de plus fréquent )  je regarde à droite et à gauche dans l’espoir d’en apercevoir une deuxième. Comment  régler le problème? Dans mon imagination,  je me suis mis dans la peau d’un tyran, genre « Le Roi et l’Oiseau », et j'ai promulgué l'ordre suivant : « Dorénavant, pour la sérénité générale, toutes les pies seront bannies du royaume ».  J’ai vite compris mon erreur, qui a engendré  ce nouveau proverbe : « Au pays où on a banni les pies, on passe son temps à scruter l’horizon ».

vendredi 29 novembre 2024

La double vie de Maurice?

 

On m’a parlé de l’histoire touchante, à Brest, de l’amitié qui s’ est instaurée entre un habitant de la ville,  Alain Theillier, sa chienne Ambre et son goéland Arek. Arek a commencé par se présenter à la fenêtre de Monsier Theillier avec régularité. Un beau jour la fenêtre étant ouverte, le goéland est entré et tout le monde a familiarisé.

Depuis, je regarde Maurice d’un air méfiant. Ne s’agirait-il pas d’Arek ? Le chat gris qui séjourne actuellement chez moi  le regarde aussi, et d’un air très attentif. C'est le regard d'une panthère. Quelque chose me dit que, si j’ouvre la fenêtre, ils ne vont pas familiariser du tout.

mercredi 27 novembre 2024

Le talent de Brigitte Bardot

 

Anacapri : la villa de Curzio Malaparte

Avec du retard par rapport à sa date de parution (1963) je viens de visionner « Le mépris », de Jean-Luc Godard. Je suis ébloui par le professionnalisme de Brigitte Bardot et je me surprends à murmurer : « C’est quand même une grande. Son talent est incontestable »*. Du coup, je m’en veux de l’avoir si   lourdement canardée dans mes écrits et sur ce blog. De sa personne émane une authenticité  qui, vraisemblablement, reste la  même lorsqu’elle parle de son amour pour les animaux. Je me sens mesquin.

En rangeant le DVD dans le boîtier, cependant,  la violence des propos qu'elle tient depuis un long moment à l'égard de l'espèce humaine** me revient à l'esprit. Je pense à mes sentiments vis-à-vis de Louis-Ferdinand  Céline et je me dis : « Toute proportion gardée, c’est un peu pareil : comme écrivain, je l’apprécie beaucoup ...  ».

 

* Alors que lorsque j'étais jeune je ne le voyais pas.  C'est superficiel, je sais, et très lié à des questions d'amour-propre, mais on a du mal à admettre que les gens puissent être très beaux et talentueux à la fois.

** D'une partie non négligeable de l'espèce humaine.

lundi 25 novembre 2024

L’animal-machine (à sous) 3) Qu ‘est-ce qu’on taxe, au juste ?

 

 

 

(Suite et fin). Le paradoxe de cette proposition (taxer les animaux de compagnie) est qu’elle contredirait l’esprit de la loi française. En 2015, en fait, l’animal domestique a cessé d’être un « bien meuble » (code napoléonien) pour accéder au statut d’ « être vivant doué de sensibilité ». Taxé comme  une moto ou un paquet de cigarettes, l’animal perd une bonne partie de sa proximité avec l’humain pour redevenir une « chose ».  « Ce n’est pas vrai -  répondrait  le porteur du projet – on  ponctionne son maître, mais l’amitié demeure. Croyez-vous que les Allemands, depuis qu’ils payent un impôt,  sont devenus moins copains  avec leurs chiens et  leurs chats ? ». C’est bien le problème. Dans les pays qui ont adopté cette loi, on taxe le fait d’avoir un ami. On taxe le bonheur suscité par la présence de quelqu’un à côté de nous. Bref, on taxe le bonheur tout court, ce bien de luxe qui tend à échapper  aux contrôles de l’État.

 

Taxer l’amitié

 

Taxer notre joie de vivre ? Évitons de divulguer cette idée. On risquerait d’être facturé en fonction de la taille de notre réseau d’amis, de notre carnet d’adresses, de la quantité de nos « followers » sur Tiktok. On deviendrait  imposable sur la base du nombre de personnes qui nous recherchent ou qui nous veulent du bien. 

 


 

samedi 23 novembre 2024

L’animal-machine (à sous) 2) Taxer le vivant

 

 

(Suite du post précédent) Je pense à cette histoire (celle des animaux machines) à propos d’une rumeur qui circule actuellement. On prétend que le gouvernement français, s’inspirant de l’Hundesteuer (un impôt sur les chiens qui a permis à l’état allemand de récolter 421 millions d’euros en une seule année), prévoit de renflouer ses caisses en mettant à contribution les propriétaires d’animaux d’appartement : 100 € pour un chien ou un chat, 20 € pour un oiseau, 1 € pour un poisson. Cette proposition extravagante a tout l’air d’une trouvaille complotiste, mais certains prétendent qu’il y a du vrai.   Si elle  fait penser à la théorie de Pascal et Malebranche c’est que l’animal « fiscalisé », sans être classé chez les automates ou les poupées mécaniques,  s’apparente néanmoins à une voiture : on  taxe son propriétaire à partir d’un numéro d’immatriculation.

Panique dans les animaleries

On imagine  bien les effets collatéraux : les détenteurs d’un animal de compagnie peu fortunés seraient obligés de se débarrasser de leur trésor (et ils en ont parfois plusieurs) comme on le faisait autrefois avec les frigos, les mobilettes et autres « non-animaux » abandonnés au bord des routes  ou plongés dans le ravin le plus proche en profitant d’une nuit sans étoiles.  Les rayons des supermarchés consacrés aux non-humains  réduiraient leur surface comme peau de chagrin. Le nombre  des toutous à bichonner, toiletter, amener chez le psychologue, le vétérinaire, s’effriterait lamentablement, ainsi que les recettes de la TVA correspondant à la vente de performances et de produits animaliers. (À suivre)

jeudi 21 novembre 2024

L’animal-machine (à sous) 1) Pascal et Malebranche présentaient-ils des troubles du spectre de l'autisme?

 


Les experts d’éthique animale  connaissent bien la théorie des « Animaux machine ». On attribue à Pascal et Malebranche l’idée que « nos amis les bêtes » ne sont au fond que des automates, des poupées mécaniques : ils/elles font semblant de souffrir mais ce n’est que  de la mise en scène. On aime rappeler cette histoire pour montrer à quel point l’Occident « naturaliste »  cherche à refouler ses racines animales*. Tourner en dérision cette théorie obsolète offre plusieurs avantages : cela renforce notre amour propre (« J’ai du bon sens, moi …  ce n’était pas leur cas ! »). Ça permet de taquiner les philosophes et les intellectuels en général qui, installés dans leurs tours d’ivoire, perdent tout contact avec le vivant, sa matérialité, ses frémissements. ses pulsations.

La condition humaine

Cette mise en robot du non-humain était l’aboutissement d’une réflexion philosophique, c’est vrai, mais j’ai entendu une explication  alternative dotée d’une certaine crédibilité. Bien que « mécanistes », Pascal et Malebranche étaient des croyants. Ils pensaient donc que si le Bon Dieu nous a logés dans cette vallée de larmes, c’est que nous le méritons. Si nous souffrons, en fait, c’est à cause du péché originel. Mais les animaux, eux, n’ont commis aucune faute. Pourquoi devraient-ils souffrir ? Ce serait injuste et en contradiction avec l’esprit divin. Il en découle que les animaux ne souffrent pas : ils se limitent à faire des cris et des grimaces. La théorie des animaux machine, dans ce sens, répondrait plus à des raisons théologiques qu’à des considérations scientifiques. (À suivre)

*Le « naturalisme », selon Philippe Descola, correspond à la vision Occidentale moderne considérant qu’une frontière infranchissable sépare les humains des non-humains.


mardi 19 novembre 2024

Naître garçon et devenir chat

 

J'ai emprunté cette image au site:  https://www.slate.fr/story/95139/chercheuse-convention-furry

On a cru que c’était vrai. Lorsqu’en août 2023, sur Tiktok, une mère a raconté que son fils se prenait pour un chat, qu’elle l’a amené, comme il le souhaitait, chez le vétérinaire et que celui-ci à refusé de l'examiner (« Je vais peut-être porter plainte » a-t-elle ajouté), beaucoup d’internautes ont cru au  canular*. Pourquoi ? Tout simplement parce que cette histoire est plausible et corrobore des fantasmes qui sont dans l’air.

 

« Rumeurs et légendes urbaines – écrivaient Véronique Campion-Vincent et Jean-Bruno Renard en 2002 – sont objet de croyance et de diffusion (…) parce qu’elles remplissent des fonctions psychologiques et sociales qui font que le contenu d’une rumeur ou d’une légende apparaît comme vraisemblable, intéressant, important et finalement nécessaire » De source sûre. Nouvelles rumeurs d’aujourd’hui  Payot, 2002, (p. 331).

 

Le charme de cette rumeur réside dans sa capacité démonstrative : elle confirme l’impression (impétueuse chez les observateurs les moins optimistes) que la société contemporaine est en train de perdre ses repères : « Vous avez vu ? Je l’avais dit  … On commence à tout relativiser, à remettre en cause les frontières entre les êtres, les choses ... et voici le résultat ». **

 

*J’ai trouvé cette information sur un site que je ne connaissais pas (https://www.demotivateur.fr/insolite/tiktok-son-fils-s-identifie-comme-un-chat-mais-son-veterinaire-refuse-de-le-soigner-sa-mere-s-insurge-dans-une-etonnante-video-38301). Je laisse au lecteur la charge de vérifier sa fiabilité.

** Une variante récente, m’a-t-on signalé, remplace le chat par  une chèvre. S’agit-il bien d’une variante ou de la réalité qui rejoint la fiction ?

samedi 16 novembre 2024

L'inactualité des anciens

 

Pas d’inspiration ce matin. Juste ce proverbe du jour politiquement incorrect :

 

 « À la Sainte-Elisabeth (17/11), tout ce qui porte fourrure n’est point bête ».

 

Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, je ne viens pas de l’inventer.